Tuesday, August 19, 2008

ET SI BEIJING COPIAIT BANGKOK ?

Disons le franchement, Beijing est devenue une ville terriblement ennuyeuse et sans beaucoup de charme. C'était déjà vrai avant les JO, les Jeux n'ont fait qu'accélérer le phénomène. Beijing n'a ni le charme ni le dynamisme de Shanghaï, et encore moins d'autres villes asiatiques comme Tokyo, Hong-Kong ou Bangkok.

Aujourd'hui, l'image de la capitale chinoise oscille entre la triste réalité de la pollution quasi permanente (lors de mon dernier séjour dans la capitale, sur 10 jours, j'ai vu le ciel bleu ... une journée !!!) ....

... et le faste sur-vitaminé et très ponctuel des Jeux.

Deux images qui ne traduisent que très partiellement le véritable déménagement urbain que les caciques du PC font subir à la ville depuis une quinzaine d'années et que l'on pourrait résumer avec les trois schémas ci-dessous.

Ce qui, au quotidien, donne cela ...


... et pourrait donner cela dans les années qui viennent


On est évidement loin des hutongs, des petites ruelles et de la Cité Interdite. Beijing est devenue une vaste banlieue occidentale, et c'est pas franchement folichon.

Tous les schémas ci-dessus sont issus des nombreuses réflexions conduites par le très stimulant think tank Dynamic City Foundation qui a pris, depuis plusieurs années, Beijing pour terrain de jeu et de réflexions. C'est notamment ce laboratoire d'idées qui avait développé le projet Beijing Boom Tower 2020 très directement inspiré de la verticalité et de la densité de Hong-Kong (Voir sur ce sujet notre Cahier : HONG-KONG - Life at hyper-density).

The installation Beijing Boom Tower (BBT) presents a model showing 6 hectares of the capital in 2020. BBT is the product of suburban-feel living at 10 times Manhattan density.
5000 duplex apartments are stacked to form an integrated environment. Full-scale parking, retail and amenities systems are laid on. A privacy gradient acknowledges the increasing reality of a competitive housing market seeking privatisation and exclusivity.


Les travaux et les réflexions de la Dynamic City Foundation qui n'étaient jusque là visibles que sur le net, viennent d'être regroupés dans un livre The Chinese Dream.

Parmi les nombreuses pistes de réflexions présenté par Dynamic City Foundation, j'aimerai revenir sur celle concernant la création d'un nouveau type de super-métro.

En effet, comme toutes les grandes villes chinoises, Beijing est aujourd’hui sillonnée de routes surélevées se déployant sur plusieurs niveaux.

Si ce réseau aérien d’autoroutes urbaines facilite largement la circulation, il ne permet ni une mixité des mobilités, ni surtout une urbanisation dense. Or, tout le défi de la Chine pour les vingt ans à venir est d’inventer un nouveau type d’urbanisme capable d’absorber la formidable croissance urbaine actuelle.
C’est dans ce contexte de croissance et faisant le constat que les infrastructures transports liées à l’automobile, consomment une part toujours plus importante de l’espace urbain (50% de l’espace à Beijing - voir les schémas ci-dessous), que la Dynamic City Foundation a imaginé pour la capitale chinoise un nouveau concept de transport, le D-Rail.

Le D-Rail marie plusieurs types de mobilités, puisqu'il serait composé tout à la fois d'un immense tapis roulant grande vitesse équipé de banquettes, avec un métro à sustentation magnétique de type Maglev.

The D-Rail is a hybrid form of high-speed pedestrian orientated mass transportation developed to curb Beijing's increasing struggle with congestion. The system combines travelators (flat escalators) with the Maglev (magnetic train) technology. In this innovative concept the trains never stop, so you never have to wait. There are no stations. Commuters can get on board at any point on the continuous loop around the 3rd and 4th Ring Roads of Beijing.”

Même si ses promoteurs ne le disent pas, moi quand j'ai découvert de projet il y a maintenant plus d'un an à Beijing, il m'est apparu évident que le projet D-rail est la fusion de deux moyens de transports parmi les plus agréables et les plus performants en Asie à savoir le SkyTrain de Bangkok, mais aussi le réseau d’escalators de Hong-Kong. Il est un mix et une version “speedé” de ces deux moyens de transports.

Illustration

Ville verticale par excellence tant par ses bâtiments que par son relief, Hong-Kong offre, en effet, aujourd’hui tout un réseau d’escaliers mécaniques et de tapis-roulant permettant de traverser sans effort les quartiers les plus pentus de la ville (photos ci-dessous).

Le projet D-Rail ressemble aussi beaucoup aux espaces et structures du SkyTrain de Bangkok ; mêmes mégastractures surélevées pour accueillir de nombreuses activités, notamment commerciales, et mêmes passerelles avec les bâtiments bordant la rue.

A droite le projet pour Beijing, à gauche et le Sky train de BKK avec son jeu de passerelles vers les centres commerciaux. (voir les photos ci-dessous)

Cette ressemblance entre le SkyTrain d’aujourd’hui et l’hypothétique Beijing de 2020 est encore accentuée par les visions nocturnes.

Tout comme à BKK, le D-rail permettrait, en effet, la création de vastes galeries associant transits et commerces. La particularité du projet chinois est que les activités se déploieraient tout le long de ce nouveau périphérique.

L’autre grande ressemblance entre le projet pour Beijing et Bangkok, est l’évolution de ces lieux de transports en nouveaux balcons verts sur la ville, voir en véritables jardins publics.

Ci-dessus le projet D-Rail pour Beijing, et ci-dessous Bangkok aujourd'hui

Le problème est que tout ce projet est plus qu'hypothétique, les dirigeants chinois étant figés, quoiqu'ils disent, dans une vision urbaine encore très centrée sur l'automobile. Avec aussi la très belle illusion que la voiture électrique réglera tout, ce qui est bien sur totalement illusoire surtout dans un pays ou 80% de l'énergie électrique est fournie par le charbon. La Chine n'est pas prête d'abandonner sa première place sur le podium des nations les plus polluantes du monde ... juste devant les Etats-Unis (comme pour les médailles olympiques !!!)

Pour aller plus loin, voir notre cahier BKK/H-K - Street Level, publié en juin 2007.