Monday, November 30, 2009

ET SI NOUS ENTRIONS DANS UNE NOUVELLE ÉPOQUE D'ÉMEUTES URBAINES ?

Et si nous nous interrogions sur le sens de la multiplications des émeutes urbaines ?


Et si on sortait d'une vision sécuritaire pour une vision réellement politique ?


Et si ces émeutes annonçaient la fin d'une certaine façon de faire de la politique ?


Et si ces mouvements devaient modifier en profondeur les espaces de nos cités ?


Bref, si on essayait enfin de comprendre ce que ces mouvements pouvaient dire sur nos villes de demain ?


C'est pour tenter de répondre à ces questions - et à de nombreuses autres - que nous avons invité :

  • Alain BERTHO, professeur d'anthropologie à l'Institut d'Études Européennes et directeur de l'école doctorale de Sciences sociales de l'Université de Paris 8-Saint-Denis, qui est l'auteur du tout récent livre Le Temps des émeutes paru chez Bayard.

Voici en quelques lignes l'objet de ses réflexions qu'il viendra partager avec nous.

"Il y a eu l'automne 2005 et les banlieues françaises en flammes. Il y a aujourd'hui la crise et un vent de révolte qui semble ne pas faiblir. Et entre-temps, la Guadeloupe, les émeutes de la faim, le Tibet, Athènes, l'Iran... Ce livre vient mettre des mots sur des images de plus en plus fréquentes sur nos écrans, peu commentées et rarement mises en relations.


Le retour chronologique sur les quarante dernières années démontre la nouveauté et l'ampleur de ce phénomène qui s'impose chaque mois un peu plus dans le monde entier.


Il est temps de s'interroger sur le sens profond et peut-être commun de ces émeutes qui éclatent aux quatre coins de la planète, au sein de pays et de régimes politiques radicalement différents et selon des modes de protestation semblables.


Il faut lire attentivement ce que toutes ces explosions de colère nous disent de notre époque, de notre monde, de la globalisation et de la crise."

Voir son blog : anthropologie du présent


Les Ateliers Transit-City ont lieu au Pavillon de l'Arsenal de 8h45 à 11h

21 Bd. Morland 75004 PARIS.

Sunday, November 29, 2009

ENTRE ÉOLIENNES, INONDATIONS ET EPAVES RECONVERTIES

Du fait de la crise de l'énergie et du réchauffement climatique (et de son corollaire que pourrait être la montée des océans), une partie de notre avenir urbain est-elle en train de se dessiner entre des éoliennes et zones inondées ? C'est en tout cas ce que pourrait laisser croire l'affiche ci-dessus qui annonce le lancement par le NAI de Rotterdam de son nouveau chantier de réflexion intitulé Architectuur als Noodzaak (Architecture of Consequence en bon anglais)

Au delà de l'effet un peu mode et très batave de cette obsession du niveau de la mer, les réflexions se révèlent en tout cas particulièrement fécondes, l'enjeu des inondations étant l'occasion de repenser entièrement ce que pourraient être l'architecture et l'approvisionnement énergétique des zones noyées sous les flots, comme le montre la maquette de Park Supermarket et le schéma ci-dessous. C'est en tout cas une très bonne suite à notre Atelier Vers de nouvelles relations entre la mer et les villes ?

Et sur ce sujet voir l'excellent, Rising sea levels: A tale of two cities, et en complément le post Waterpleinen.

Si ces images peuvent apparaître à certains un peu science-ficionnesque, il faut juste se rappeler que l'habitat individuel en Hollande ressemble déjà dans certains coins du pays aux images ci-dessous. (Voir sur ce sujet et )

Sur un thème très proche, je ne peux que vous conseiller de jeter aussi un coup d'oeil aux visions développées ci-dessous dans R_Ignite par une équipe de jeunes anglais dans le cadre du concours WPA 2.0 organisé par le cityLAB de UCLA. (Plus d'images et d'infos )

Pour mieux comprendre les images de R_Ignite, qui s'inspirent quand même très directement de beaucoup de visions déjà vues depuis quelques mois (voir , et surtout ) lire les explications et regarder la petite animation .

(Cliquer sur les images pour les agrandir)

Friday, November 27, 2009

LE CAIRE, LA VALLÉE DU NIL ET AUTRES VILLES ARABES


A l'heure ou dans les pays riches riches et occidentaux, on ne cesse de parler de développement durable et d'éco-quartiers (voir, entre autres, la très caricaturale exposition Villes rêvées, villes désirables ? financée par EDF et PSA), j'avais juste envie de vous proposer la photo ci-dessus d'un quartier du Caire. Titrée Garbage City et réalisée par le talentueux Bas Princen, elle a le grand mérite de rappeler à quoi ressemble aujourd'hui la croissance urbaine et la réalité quotidienne dans de nombreux pays du monde. Pas forcément rose et pas forcément ni très viable ni très durable, tant sur le plan écologique que social. (Sur Garbage City, voir et )


Pour aller plus loin sur la croissance urbaine égyptienne, voir le très bon travail conduit par l'ETH Studio Basel dirigé par duo Herzog-de Meuron, sous le nom de Nile Valley et dont vous trouverez ci-dessous l'explication de la démarche.

"The Nile Valley covers only about 5% of the territory of Egypt, while at the same time it provides a living environment for 95% of the countryʼs population. This thousand kilometres long and fertile strip of land embedded within the smooth topography of the valley with a natural and sharp edge to the Sahara desert, allowed the genesis of the oldest civilisations dating back as far as 3000 B.C. Today the sublime beauty of this ʻlinear oasisʼ meandering through Sahara is still recognisable, still showing the extraordinary achievements of its ancient cultures.

Throughout the 19th and the 20th century, modernization processes have tremendously transformed Egypt and Nile Valley with multiple layers of urbanisation and the new technologies in agriculture and water management. This growth was also a reflection of a society that repeatedly underwent significant political and economical breaks, from the period of Muhammad Ali, to the British protectorate, to independence under Nasser, Sadat and since 1981, Hosni Mubarak.

Egypt is today considered a developing country with its main economic revenues from pass-tolls of the Suez Canal, the real estate market and the tourist sectors. However, the main challenges to the countryʼs development remain the scarcity of water, land and above all a rapid population growth of more than one million people each year. Egyptian society is also experiencing an increasing social and economic divide, with the formation of new and affluent elites, while a large amount of population continues to live in poverty.

The governmental apparatus and the economic management are strongly centralised and concentrated on the Greater Region of Cairo. By contrast, the major agricultural regions in the Upper Egypt and in the Nile Valley seem to have less political and legal means for controlling their future. In this situation, various informal energies emerge as a vital, self-sustaining mechanism.

A large portion of new construction in Egypt and the Nile valley belong to informal housing, which seems more advanced than elsewhere in developing world. The massive demand for housing is also not meet through the so-called New Town or New Settlement program, run by the state since the 1970s. This long-term project has developed until today through three generations of cities spread all along the Nile valley on desert land, mainly intended for an upper middle-class and incompatible with the actual family needs
."


Et toujours sur ces nouvelles formes de croissances urbaines dans les pays arabes, voir l'autre travail conduit par l'ETH Basel Studio appelé Investigating Specificity : Cities in the middle east, et plus spécialement centré dans un premier temps sur Beyrouth et Damas.


PS / Et toujours à propos de" villes arabes", mais à l'heure ou le modèle de croissance développé à Dubaï s'écroule, vous pouvez toujours jeter un coup d'oeil , et .

Monday, November 23, 2009

DES OURS QUI TOMBENT









Ou comment l'imagerie du 11 septembre 2001 est aujourd'hui détournée pour des combats écologiques.

Voir les explications sur plane stupid, pour mieux comprendre ce film qui s'inscrit très directement dans la lignée du déjà très percutant Tsunami brésilien sur New-York (voir ).

Et sur le fond, voir ci-dessous ces deux pages extraites du Cahier Et cela ressemblera à quoi le voyage dans 25 ans ?


Saturday, November 21, 2009

EFFETS PERVERS

Ces deux images n'ont a priori pas grand chose à voir. Et pourtant ... Le 1 novembre dernier, les autorités chinoises déclenchent de façon artificielle de fortes chutes de neige sur Beijing afin de lutter contre le manque d'eau qui touche la région (voir ). Conséquence : la température baisse et la consommation de gaz, pour le chauffage notamment, augmente fortement. (Voir ) Le problème est que depuis plusieurs mois les régions est et centrales de la Chine, où est présent l'essentiel des ressources gazières du pays, ne produisent pas assez. Et les réserves faîtes en prévision de l'hiver ayant été détournées au profit de Beijing et des régions du nord-est soumise différentes tempêtes de neige, c'est aujourd'hui tout le pays qui en subit les conséquences en devant se rationner. Il y a quelques jours ce sont les taxis de Chongqing qui roulent au gaz naturel comprimé, qui en étaient réduits à faire de longues queues pour atteindre les stations qui en distribuaient encore. D'où la photo ci-dessus de cette longue file de voitures jaunes sur le fameux échangeur de la ville. Il y a quelques semaines, les chauffeurs de taxi avaient déjà fait grève face à ce problème d'approvisionnement en GPL, mais leur mouvement avait été rapidement "maîtrisé" par les autorités locales (voir ). Alors face à cette photo des taxis sur l'échangeur, on peut avoir deux réactions : - soit on la regarde de façon anecdotique, c'est à dire comme simplement l'image amusante d'une situation cocasse. - soit on se dit que l'on a sous les yeux une image symbole des signes annonciateurs des défis urbains de demain entre dérèglements climatiques et nouveaux défis énergétiques. A chacun de voir comment il veut penser l'avenir. Pour continuer à réfléchir sur sujet, voir No More Cheap Energy in China. Voir aussi l'inquiétant basculement chinois vis à vis du réchauffement climatique à quelques semaines du Sommet de Copenhague sur le climat, avec cet article d'Energy Tribune titré "China Fights Back: Scientists Find ''no solid scientific evidence to strictly correlate global temperature rise and CO2 concentrations''. Des arguments dignes de ceux de la grande époque des années Bush aux Etats-Unis, et qui confirment cet étonnant chassé-croisé sino-américain actuel sur les modèles de développement futur (voir notre précédent post) et qui, de façon assez symbolique, se traduit aujourd'hui par un front commun Chine/Etats-Unis pour qu'aucune mesure coercitive ne soit prise lors du sommet dans la capitale danoise. PS / Sur les tentatives de manipuler le climat, mais cette fois ci de la part de l'US Navy, voir Navy Research Paper: ‘Disrupt Economies’ with Man-Made ‘Floods,’ ‘Droughts’

Thursday, November 19, 2009

QUI VA COPIER QUI ?

C'est avec cette photo et la légende suivante "China is experimenting with eco-friendly technologies, from electric cars to urban wind turbines like this one in southeastern Shanghai." que s'ouvre cette semaine dans Time une enquête intitulée : "Five Things the U.S. Can Learn from China". Si cette dernière évoque peu les enjeux urbains, le titre résume à lui seul en tout cas, toute la question des nouveaux modèles de développement qui agite actuellement le monde (voir ). Que les américains se demandent si la Chine peut être un modèle pour eux dans leur façon de penser et de préparer leur avenir, n'est quand même pas anodin. C'est peut-être là un début de retournement de situation.

En effet, les Chinois se sont depuis 30 ans directement inspirés du modèle occidental (voir La Chine est-elle encore chinoise ?), mais ils en comprennent aussi aujourd'hui toutes les limites et tentent d'inventer d'autres choses. Et ce notamment pour faire face aux terribles défis énergétiques et environnementales auxquels vont devoir faire face dans les années qui viennent. Cette mutation dans les modes de pensées des Chinois est encore très marginale, mais marque une vraie accentuation dans leur volonté de dépasser le modèle occidental pour tenter d'inventer un modèle plus viable sur le plan écologique notamment. (voir, à ce sujet, Et si la Chine était en train de se démarquer du modèle occidental ?)

Côté américain, une certaine élite a compris depuis quelques années que le modèle made in USA était à bout de souffle (voir, entre autres, ) et qu'il était temps de chercher de nouvelles références.

Il y a quelques mois, le prix Nobel d'économie, Paul Krugman disait qu'il avait compris ce que serait le modèle urbain du XXI° siècle en visitant Europe et ses villes denses (voir ).

Aujourd'hui c'est la Chine et sa puissance notamment financière qui fascinent les Américains et c'est là qu'ils cherchent donc des solutions pour l'avenir. L'enquête du Time en est une des illustrations, un peu primaire sur le fond, mais très révélatrice du désarroi actuel de ceux qui ont conduit le monde depuis 60 ans. C'est juste la fin d'une certaine histoire, et c'est passionnant à suivre.

Sur cette question du modèle urbain, voir aussi Et si c'était en Inde que s'inventait une partie de notre avenir urbain ?

Et pour continuer à réfléchir sur la fin programmée du modèle de croissance basée sur une énergie peu cher, je vous propose ce graphique sur ce que devrait être la consommation de pétrole aux alentours de 2030, paru récemment dans The Economist sous le titre A developing thirst. Cela vaut tous les discours sur la montée inéluctable du prix de l'essence dans les années qui viennent.

Saturday, November 14, 2009

AQUALTA OU VENISE COMME MODÉLE URBAIN ?

Je vous avais déjà parlé de l'hypothèse de faire de Venise un modèle urbain notamment pour Londres. (voir )

Je vous ai déjà parlé, aussi, des réflexions concernant une possible montée des océans et des conséquences que cela pourrait avoir sur New-York. (voir )

Je vous ai aussi déjà parlé du Studio Lindfors et de ses très belles réflexions autour des dirigeables, que ce soit dans une situation de post-catastrophe à New-York, ou de villes volantes.

Et bien ces trois pistes de réflexion semblent aujourd'hui se rejoindre dans le projet Aqualta développé toujours par le Studio Lindfors pour New-York et dont les images ci-dessus sont extraites. (Plus d'images de ce projet révélé par le toujours très bon bldgblog, ).

Le projet est tellement beau et percutant qu'il ne mérite pas beaucoup de commentaires, si ce n'est que l'on retrouve plus une ambiance asiatique que vénitienne. Mais là encore c'est une des nombreuses conséquences de la montée en puissance des nouveaux imaginaires urbains asiatiques qui irriguent peu à peu nos façons de penser et d'imaginer l'avenir (voir, entre autres, ).

Ce projet rentre, en tout cas, en résonnance avec certaines de nos pistes de travail (voir l'illustration infra) et certains de nos chantiers de réflexions autour de la question Vers de nouvelles relations entre la mer et les villes ?

Tuesday, November 10, 2009

DES ILES PRIVÉES D'EAU


La carte ci-dessus est une carte d'une redoutable efficacité. Elle montre de quelle façon Israël a, depuis plusieurs dizaines d'années, totalement charcuté la Cisjordanie afin de faire des territoires palestiniens autonomes de véritables îles totalement déconnectées les unes des autres.

La démarche est claire ; rendre complètement irréalisable la création d'un état palestinien cohérent et économiquement viable. Si le mur est aujourd'hui l'élément le plus visible de la politique d'hyper-apartheid conduite par les différents gouvernements israéliens, il n'en est, comme le montre cette carte, pas le seul élément, loin de là.

Cette carte a été réalisée par Julien Bousac après avoir conduit plusieurs missions humanitaires dans cette zone. Les noms maritimes correspondent aux colonies israéliennes et les bateaux de guerre aux checkpoints permanents de l'armée israélienne. Evidement le nom des îles et les icônes touristiques sont eux purement fictifs.

Si je vous parle de cette carte aujourd'hui, c'est qu'elle a pris depuis quelques jours une curieuse résonance et une nouvelle dimension encore plus percutante avec la publication du rapport d'Amnesty International sur la façon dont Israël limite l'accès de l'eau aux populations palestiniennes. Ou quand la métaphore devient réalité.


Le rapport est accessible , mais en voici quelques extraits, parmi les plus significatifs.

"Israël utilise plus de 80 % de l'eau provenant de l'aquifère de montagne, principale source souterraine en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, tout en limitant à seulement 20 % la consommation des Palestiniens." (...)

"Tandis que la consommation d'eau des Palestiniens s'élève à peine à 70 litres par personne et par jour, celle des Israéliens dépasse 300 litres par jour, soit quatre fois plus.

Dans certaines zones rurales, les Palestiniens survivent avec à peine 20 litres par jour, le minimum recommandé pour un usage domestique en situation d'urgence.

Quelque 180 000 à 200 000 Palestiniens vivant dans des zones rurales n'ont pas accès à l'eau courante et l'armée israélienne les empêche souvent de recueillir l'eau de pluie.

En revanche, les colons israéliens, établis en Cisjordanie en violation du droit international, ont recours à l'irrigation intensive pour leurs cultures et disposent de jardins luxuriants et de piscines.

Quelque 450 000 colons utilisent autant d'eau, sinon plus, que l'ensemble de la population palestinienne estimée à 2,3 millions.
"

Ce rapport d'Amnesty ne fait, malheureusement, que confirmer d'autres études sur ce sujet, notamment celle de la Banque Mondiale publiée en avril dernier et disponible .


Sur la Cisjordanie, voir aussi le film Welcome to Hebron. C'est juste un peu autre chose que ce que l'on nous raconte habituellement.

Voir aussi l'excellent article de Lebbeus Woods titré "Wall Game" et qui débute, ainsi : "Israel, like any sovereign state, has the inherent right to defend itself, but not by any means. If it flouts international law, as it is doing in continuing the construction of the Wall, it becomes a renegade state, outside the law and its protection."

Et quelques lignes plus loin : "By continuing the construction of the Wall, Israel is creating, in a grotesque historical twist, history’s largest Ghetto, separating and isolating its own people from the world upon which their survival, and that of the Jewish State, depends."

Sunday, November 08, 2009

VERS DES NARCOS CITIES ?


L'économie de la drogue va-t-elle donner naissance à un nouveau type d'urbanisme et d'organisation urbaine au quotidien ? C'est une question que je me pose depuis plusieurs années, et plus particulièrement après avoir un peu travaillé sur le rôle des trafiquants dans les favelas au Brésil, mais aussi - et surtout - après un séjour de plusieurs mois en Amérique centrale, fin 2006. Entre villas surprotégées, 4x4 remplis d'hommes en armes, descentes plus ou moins régulières de la police et de l'armée, et Unes quasi quotidiennes de journaux avec des photos de cadavres liés à des règlements de compte entre bandes rivales, on comprend très rapidement tout le poids de cette économie souterraine dans la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes dans cette partie du monde.

J'avoue ne pas avoir de réponse à ma question sur la forme des villes, mais ce qui se passe actuellement au Mexique ne peut que m'inciter à continuer à réfléchir à la question, tant on retrouve dans ce pays une situation urbaine proche de ce que les anglo-saxons appellent les feral cities.

C'est pour continuer à réfléchir à cette question, que je vous propose cette carte et ces images tirées de l'excellent dossier que nourrit régulièrement le LA Times sur ce sujet, et que vous pouvez consulter .

Au delà du choc des photos, la question que je me pose est de savoir si dans un monde toujours plus inégal et dans lequel la droque et un moyen de gagner très rapidement de l'argent, ce type de situation ne va pas se banaliser dans les années qui viennent, et notamment dans les zones tampons entre un Occident riche et des zones défavorisées.

On parle aujourd'hui du Mexique et de l'Amérique centrale, mais pourquoi pas demain l'Afrique du Nord ? Et dans les pays riches, l'existence de zones entières de non-droit sous la coupe des dealers, ne relèvent pas de la science-fiction !

On en est pas encore dans la situation décrites par certains films très moyens comme Banlieue 13 ou sa suite, B13-U, mais la situation mexicaine ne peut pas, me semble-t-il, nous laisser totalement indifférent si on veut réfléchir honnêtement aux visages que pourraient avoir nos villes dans les années qui viennent. Et je reste toujours très marqué par cette rumeur qui a circulé lors des émeutes dans les banlieues françaises en 2005, et qui prétendait que celles-ci s'étaient arrêtées car elles mettaient en danger toute une économie de la drogue. Fiction ou réalité, j'en sais rien, mais c'est vrai qu'aujourd'hui les liens entre la narco economy et l'urbanisme me semblent très étrangement sous-étudiés.

Sur ce sujet, voir l'excellent Paraisopolis

Thursday, November 05, 2009

PEAK LEVEL OF OCCUPANCY

Depuis dimanche paraît dans les différentes éditions du Times of India et en pleine page, l'annonce ci-dessus, composée au trois-quart d'une photo aérienne en noir et blanc d'un bidonville.

Le bandeau en bas de page, très coloré lui, qui présente une ville moderne, permet de rapidement comprendre la mécanique très basique de l'annonce. On a clairement à faire à une pub d'un promoteur immobilier vantant les mérite d'une nouvelle ville, Lavasa, comme il en émerge tant en Inde aujourd'hui. Sauf que ce promoteur a enrobé, de façon d'ailleurs très intelligente et assez riche, son projet d'un alibi de réflexion de prospective urbaine.

Ce texte est probablement l'analyse la plus synthétique et la plus juste sur le défi urbain auquel va devoir répondre l'Inde dans les vingt à trente ans qui viennent. Le voici en version beaucoup plus lisible.

"India has the 2nd largest
urban system in the world.

310 million people live in
5,161 cities and towns.

That's like cramming
the entire population of America
into a third of the place.

Most Indian cities are
probably operating a their peak levels
of occupancy. Perhaps in some cases,
it's a miracle they still work.

To make matters worse, in the next 30 years
almost 400 million people will migrate to
these cities. That's about 20 Australias for you.

And by 2030, India's urban population is
estimated to reach a staggering 575 million.

It's about time somebody asked the question :
In the years to comme, where will India live ?

How wille India live ?
"

Voir le site Lavasa Future Cities qui donne toute l'ampleur de la démarche marketing qui entoure le lancement de cette ville, et dont les bandeaux ci-dessous synthétisent bien l'esprit, fondé sur le noircissement de la situation actuelle.

Face à ce sombre, mais bien réel état des choses, voir ci-dessous ce que promet Lavasa ... une véritable ville suisse à trois heures en voiture de Mumbai.

Sur la pertinence de la réponse apportée au défi de la croissance urbaine de l'Inde, on peut évidement avoir quelques doutes, tant ce genre de projets ne concerne qu'une extrême minorité d'Indiens, ceux de la classe moyenne très supérieure.

Reste que Lavasa est le symbole presque caricatural mais aussi l'excellent reflet de la logique de développement urbain qui a cours actuellement dans le sous-continent.

L'idée n'est pas de tenter de restaurer les centres anciens (trop compliqué, trop de pauvres, et difficile dans une "démocratie" de faire comme en Chine en rasant tout ... ) mais de développer, dans de plus ou moins lointaines périphéries, des villes totalement neuves et déconnectées de leur environnement. C'est, en gros, le summum des gated communities dont l'esprit correspond complètement à l'organisation sociale de la société indienne fondée sur la notion de castes et le refus du mélange.

On a là, clairement, une partie de la réponse à la question que nous nous posions il y a quelques mois, de savoir si les villes privées et fortifiées allaient devenir une banalité ?

Et c'est, notamment, pour aller plus loin sur cette question des nouvelles formes de la croissance urbaine, que nous organisons le 27 novembre prochain un Atelier sur le thème Et si c'était en Inde que s'inventait une partie de notre avenir urbain ?

PS / Et pour prendre le total contre-pied des analyses des promoteurs de Lavasa concernant les limites du peak level of occupancy, voir le stimulant Learning From Dharavi, sur le plus grand bidonville de Mumbai. (voir aussi et )