Tuesday, June 15, 2010

LEVITTOWN IN AFRICA, 60 YEARS LATER



Le rêve américain de la banlieue paisible avec ses villas, ses pelouses, ses piscines et son golf irrigue le monde entier, et ce même dans les pays quasi désertiques qui n'ont a priori absolument pas le climat pour. Qu'importe, c'est un idéal et cela fait vendre. Et puis, comme me disait récemment un promoteur égyptien, "les Américains ont bien réussit à le faire à Las Vegas !" ... (Pour un parallèle entre Le Caire et Las Vegas, mais beaucoup moins rose, voir )

Sauf que ce beau rêve ne se concrétise pas toujours, comme le montre ce projet de Dreamland lancé au sud-est du Caire par le groupe Bahgat, et qui est aujourd'hui totalement ensablé, au propre comme au figuré. ( Voir l'article "Cairo: Suburbanizing the Desert", d'où proviennent certaines images de ce post, mais aussi )

Reste qu'au delà du plantage de ce projet, il faut bien réaliser qu'aujourd'hui la croissance urbaine d'un certain nombre de pays africains se fait aujourd'hui en partie sous cette forme de vastes banlieues pavillonnaires totalement privatisées et réservées à la classe aisée ( Voir, notamment, New african suburbia).

Et cela devrait largement se poursuivre quand on découvre que parmi les 25 villes les plus chères au monde, on compte cinq villes africaines ; Luanda (Angola), Libreville (Gabon), Abidjan (Côte d’Ivoire), Abuja (Nigeria) et Kinshasa (République démocratique du Congo). Soit, à l'exception d' Abidjan, des métropoles situées dans des régions productrices et exportatrices de pétrole. Une activité qui, on le sait, ne profite qu'à une extrême minorité qui cherche, ou va chercher, à s'installer dans des gated communties loin des centres urbains traditionnels. Et donc plus l'Afrique va s'enrichir ( voir "The progress and potential of African economies", mais aussi "L'Afrique va bien" de Matthias Leridon ), plus c'est ce type de croissance urbaine périphérique qui va se développer. Les nouveaux riches ont envie d'espace et de calme, et n'ont aucune envie d'aller vivre en centre ville dans des immeubles collectifs, aussi luxueux soient-ils. L'Afrique n'est pas l'Asie.

Pour preuve ces quelques images d'Abuja, la capitale du Nigeria.



Evidement devant de telles photos, on ne peut pas ne pas penser à la fameuse Levittown, la ville laboratoire qui a littéralement inventé la suburbia américaine à la fin des années 40, et dont le principe d'organisation est devenu un modèle totalement mondialisé.

Ci dessous, carte, photo et explications sur Levittown, tirées de l'excellent "49 CITIES - Mapping and Measuring the Utopian Metropolis", dont je vous avais déjà parlé .