Friday, October 15, 2010

TOKYO, THE NEW METABOLISM AND THE SLUMS

City of monarchism :


City of capitalism :

Les deux photos aériennes ci-dessus de Paris et New-York et leurs titres viennent de l'exposition Tokyo metabolism présentée dans le pavillon japonais de la Biennale d'Architecture de Venise.

Elles présentent une évolution assez simple du tissus urbain tel qu'il s'est à la fois densifié et ordonné depuis deux siècles dans les pays occidentaux.

En toute logique, on aurait pu imaginer que l'image suivante soit celle ci-dessous d'un échangeur au coeur de Tokyo. On y retrouve l'hyper-densité et la fluidité présentées comme les valeurs cardinales de la ville du XXI°.

Or, non, l'image suivante présentée est celle ci-dessous sous le titre de The metabolism city.

The metabolism city :


Il s'agit d'un de ces nombreux quartiers de Tokyo faits de petites maisons et de ruelles dans lesquelles ne peuvent circuler bien souvent que les piétons, les vélos ou les kei cars. Ces zones quasi-villageoises sont à l'opposé de l'image que de nombreux étrangers se font des villes japonaises, alors qu'elles en représentent pourtant la plus grande partie.

Alors comment expliquer ce choix ?

Pour les trois commissaires de l'expo, Koh Kitayama, Yoshiharu Tsukamoto (Atelier Bow-Wow) et Ryue Nishizawa (SANAA), ces quartiers de très basse densité, représentent, en effet, l'avenir du métabolisme, théorie architecturale apparue sur l'archipel il y a une cinquantaine d'année, et dont la particularité était de se vouloir flexible via des structures extensibles permettant une croissance quasi organique des bâtiments (voir des images, ).

Sauf que là où les architectes métabolistes des années 60, comme Kenzo Tange ou Kisho Kurokawa imaginaient le futur à travers des mega-structures tentaculaires, Tsukamoto, Kitayama et Nishizawa l'imaginent, eux, à petite échelle, celle de la maison individuelle.

Pour eux, les idéaux métabolistes s'expriment dorénavant dans cette adaptation souple, soft et très discrète des territoires du quotidien, et non plus dans des grands gestes globaux. C'est en tout cas la vison qu'ils expriment dans leur très stimulant ouvrage Tokyo Metabolizing, à laquelle on ne peut être que sensible. Et pour mieux faire passer leur message, ils présentent une étonnante vidéo visible ( Sur le pavillon, voir ).

Moi, ces images de Tokyo m'ont marqué, car j'y ai vu autre chose que ce qui était présenté. J'y ai vu, en effet, une représentation neuve et - avouons-le - assez positive des évolutions possibles des immenses bidonvilles de villes comme Rio ou Mumbaï (photo ci-dessous). Ces zones ont, en effet, vocation à croître dans les années qui viennent ( 2 milliards de personnes y vivront en 2040, contre "seulement" un milliard aujourd'hui !! ), et il apparaît très très illusoire qu'elles disparaissent.

Demain dans un monde plus pauvre, plus inégal et plus précaire (voir ), il va falloir nous habituer à penser autrement, à regarder autrement l'évolution des villes et cesser d'imaginer que tout ira mieux, que les slums vont disparaître et que tout s'embellira. Cette vision est fausse et pas crédible, même si certains cabinets d'archis continuent d'entretenir cette fiction (voir )

Et dans ces conditions pourquoi ne pas essayer de porter un regard plus honnête et plus juste sur les bidonvilles en les regardant comme les laboratoires des informal cities du futur (voir à ce sujet urbaninform ).

Et je trouve, que le regard proposé par les japonais à travers Tokyo metabolism peut, d'une certaine façon, nous y aider par sa modestie notamment sur le plan formel. De façon très curieuse les petites maison japonaises, notamment celles présentées par l'Atelier Bow Wow dans son superbe Graphic Anatomy, ne sont pas si éloignées en terme de taille et de densité de certaines constructions que j'ai vus dans des bidonvilles brésiliens, sud africains ou indiens, et peuvent apparaître comme des solutions pour demain. Voir, par exemple, les Housing possibilities proposées dans le cadre du programme Housing informal city .

Ci-dessous (cliquez sur l'image) ma vision d'un des rapprochements possibles entre l'architecture japonaise (Atelier Bow Wow, à gauche) et justement ces nouveaux principes constructifs envisageables pour les bidonvilles (projet Housing informal city, à droite). Le rapprochement n'est - me semble-t-il - pas totalement aberrant.


PS / Et pour continuer à réflèchir sur ces phénomènes de croissance informelle dans l'avenir, je ne résiste pas à vous proposer cette image de Buckingham Palace entouré d'un vaste bidonville. ( voir London postcards from the future )


" The climate refugee crisis reaches epic proportions. The vast shanty town that stretches across London’s centre leaves historic buildings marooned, including Buckingham Palace.

The Royal family is surrounded in their London home. Everybody is on the move and the flooded city centre is now uninhabitable and empty – apart from the thousands of shanty-dwellers. But should empty buildings and land be opened up to climate refugees
? " (source, London Futures)