Thursday, June 23, 2011

VERY BAD TRIP AT THE OFFICE

L'idée, largement véhiculé par les fabricants d'ordinateurs et les opérateurs de téléphonie mobile depuis plus d'une décennie, était que les terminaux nomades devaient nous libérer du bureau. Le travail devait s'installer partout, dans les transports, au café, au domicile ... De nouvelles formes d'organisation de travail devaient se mettre en place. Bref, cela devait être la révolution et le bureau virtuel devait devenir la norme.

L'idée était que la nouvelle organisation du travail, ou plutôt sa déstructuration, serait permise par le passage d'une société industrielle et tayloriste à une société de services désynchronisée et délocalisée, moins tributaire a priori d'une implantation géographique (voir, Le bureau partout, le bureau nulle part ? ). Dit autrement la doxa dominante était, et est toujours "your office is where you are". C'est vrai pour beaucoup d'entre nous.

Ca, c'était la belle histoire. Sauf que si on travaille, en effet, toujours plus, n'importe où et n'importe quand, (chose merveilleuse quand c'est choisi, insupportable quand c'est subi), les espaces de bureaux n'ont pas disparu et surtout n'ont pas beaucoup bougé. On a même plutôt assisté à une forte régression dans l'organisation des espaces entre open space mortel et cubicle carcéraux. Et aujourd'hui quand vous visitez les temples de la high tech californiennes ou indiennes, vous visitez de vraies entreprises fordistes dont les travailleurs sont collés à leur écran comme l'étaient les ouvriers à leur chaîne de montage. Et c'est pas le Babyfoot super cool installé dans la cafeteria qui change grand chose ! Bref, on est très loin de l'ordinateur libérateur.

Et là parfois- en tout cas cela m'arrive de plus en plus souvent dans les grandes entreprises, et notamment chez certains de mes clients - je me prends à imaginer un méga pétage de plomb, une révolution, non pas pour renverser les chefs, mais juste pour foutre le bordel et faire une méga fête. Bref un truc qui sente la vie, genre la bonne grosse troisième mi-temps avec slip sur la tête et une bouteille dans chaque main. Un fantasme dionysien qui explique les images que je vous propose ci-dessous, véritables bacchanales de notre tertiaire pseudo moderne. C'est assez réjouissant.

Et de façon plus profonde sur ce sujet, voir Et si la crise était plus civilisationnelle qu'économique ?
L’époque attend sa propre apocalypse, c’est-à-dire d’être révélée à elle-même, afin de pouvoir mettre à jour ce qu’elle cachait.

"On est au seuil d’une ère nouvelle.

A l’esprit de sérieux du productivisme moderne est en train de succéder un ludique ambiant.

Aux institutions rationnelles qui connurent leur apogée à la fin du XIX° et jusqu’à la moitié du XX°, succèdent des tribus postmodernes qu’il faut considérer comme la cause et l’effet d’une mutation n’étant pas un simple rêve pour quelques happy few mais qui est devenue le réel pour le plus grand nombre
"
Extraits de "L'Apocalypse" de Michel Mafesolli.