Tuesday, July 05, 2011

CONTAINERS : THE STORY

Pour donner un peu plus de perspective à mon précédent post, Container, the forgotten space, je voudrais vous inciter - pour ceux que le sujet intéresse - à vous jeter sur le très bon bouquin de Marc Levinson, intitulé "The Box - How the Shipping Container Made the World Smaller and the World Economy Bigger
" (extraits lisibles on line ) et qui raconte toute la saga de la containerization lancée en 1956 par Malcom McLean avec l'Ideal-X.
" Le 26 avril 1956, le » » Ideal-X » » quitte le port de Newark, dans le New Jersey, et met le cap sur le port de Houston, dans le Texas. A son bord, soigneusement alignées dans les soutes et sur le pont, se trouvent 58 » boîtes » métalliques d’un genre nouveau. Rectangulaires et longues d’une dizaine de mètres chacune, elles sont remplies de marchandises diverses. Outre l’équipage, une centaine de personnes sont montées à bord du bateau : représentants des autorités portuaires et de l’administration fédérale, industriels, armateurs, entrepreneurs du transport routier, journalistes. Tous écoutent avec attention les explications que leur donne un homme d’une quarantaine d’années au visage avenant : Malcom McLean. A ses invités, celui-ci présente le mode de conditionnement des marchandises qu’il vient d’inventer et qui, affirme-t-il, va bientôt révolutionner le transport maritime : le container.

Tandis que l’ » Ideal-X » s’éloigne des quais de Newark, le représentant local de l’Association internationale des dockers, resté à terre, lâche aux journalistes présents : » Je donnerais cher pour que ce fils de chien coule à pic ! » Il est l’un des premiers à avoir compris l’ampleur des bouleversements que va provoquer le container, notamment sur la très remuante et très puissante population des dockers
." - Extrait du très beau portrait de Malcom McLean, signé Tristan Gaston-Breton dans 
Les Echos du 31/07/07.

L'autre révolution fut celle des porte-containers, toujours plus grands et plus gros, et résumée ici en trois schémas (et en iPad, sans doute comme objet symbole de la mondialisation des imaginaires nomades et communiquant.).

Plus d'infos sur ces méga porte-containers sur "World largest ship".

Et quand le barril de pétrole sera à 200 $ ?

Ce genre de méga-bateau prend tout son sens quand on sait qu'aujourd'hui 90% du transport de fret est assuré par voie maritime.

La question est de savoir si l'explosion des échanges internationaux auxquels nous avons assisté depuis trente ans - notamment sous l'influence de la Chine - va se poursuivre, et notamment avec l'augmentation inéluctable du baril de pétrole ?

Rappelons, en effet, que le pétrole c'est 60% des coûts d'un voyage entre l'Asie et l'Europe. Le coût de l'énergie a donc un effet majeur sur celui du transport.

En 2000, quand le prix du baril de pétrole était de 20 dollars, acheminer un container de Shanghai à la côte Est des Etats-Unis coûtait 3.000 dollars.

Quand le baril atteint les 150 dollars, le coût du transport pour ce même container dépasse les 10.000 dollars, rappelaient récemment les chercheurs Jeff Rubin et Benjamin Tal du CIBC World Markets. Ces mêmes économistes estiment même que le doublement des coûts de transport de façon permanente ferait baisser des flux commerciaux de l'ordre de 45 %.

"Pour un pays comme la Chine, où la majorité des exportations manufacturières ont une valeur ajoutée réduite, une augmentation des coûts du transport conduit à une réduction massive des gains qu'elle peut extraire du commerce international" expliquait dès 2008, Hélène Rey, professeur à la London Business School.

Et là nous pourrions vivre une véritable révolution au niveau mondial, qui pourrait ressembler à une certaine démondialisation via une nouvelle régionalisation des échanges.

"Si le cours du pétrole se stabilise à des niveaux élevés, il y a donc fort à parier que la Chine arrêtera d'exporter certains produits vers les Etats-Unis et l'Europe", souligne H. Rey. "Déjà, il n'est plus rentable pour les entreprises chinoises d'exporter de l'acier vers les Etats-Unis : le fer australien importé comme matière première coûte trop cher et le transport vers les Etats-Unis est trop onéreux. Les aciéries américaines vont donc augmenter leur production. Le commerce va se régionaliser encore plus pour éviter les coûts de transport trop importants. Mexico, par exemple, va exporter plus vers le marché américain et la Chine moins. Les produits, tels que l'acier, à faible valeur ajoutée et difficiles à transporter en raison de leur masse, ne seront plus exportés sur de longues distances.

Les entreprises ne chercheront plus à se délocaliser vers des pays où la main-d'oeuvre est la moins chère mais vers des pays qui sont à la fois proches de leur marché à l'export et où la main-d'oeuvre est relativement peu coûteuse.

Avec la flambée des cours du pétrole, c'est comme si le monde s'agrandissait ou si la Terre devenait moins plate
."

Si un tel scenario devait voir le jour, les grands bénéficiaires pourraient être autour de l'Europe des pays comme le Maroc ou la Tunisie qui profiteraient du recentrage méditerranéen, redonnant ainsi un nouveau sens et une nouvelle dimension aux analyses de Fernand Braudel.

Pour en revenir aux portes-containers, une des alternatives à leur survie pourrait être le retour de la marine la voile sur lequel certains parient … avec le soutien des Chinois - voir .

Voir aussi, "toujours marin ?" et "hangar flottant".