Tuesday, July 16, 2013

DU RÔLE DES PIRATES DE L'AIR

Gamin, j'avais été très marqué par "Un DC8 a disparu", une bande dessinée de la série Tanguy et Laverdure. On y voyait le détournement d'un avion obligé d'atterrir dans une vallée désertique entourée de grandes falaises ocres. Tout cela se passait évidement dans un pays fictif, même si on reconnaissait très bien le profil si particulier du roi Hussein de Jordanie (avec le keffieh rouge dans la première planche), le père du souverain actuel. L'album paru en 1973 se faisait le reflet des nombreux détournements d'avion qui avaient lieu à l'époque. Depuis quarante ans leur nombre a très fortement baissé, mais ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont radicalement changé la face du monde en aboutissant, entre autres, à faire du terrorisme l'une des grandes obsessions mondiales contemporaine.

Si je vous parle de cette vieille BD, c'est que c'est à elle que j'ai immédiatement penser en découvrant la photo ci-dessous prise au King Abdullad II Special Operations Training Center (KASOTC), ville factice construite en 2009 au nord d'Amman, la capitale jordanienne, et uniquement destinée à l'entrainement à la lutte anti-terroriste. Le centre est géré par une société américaine, mais ouverte à toutes les armées et toutes les sociétés privées de sécurité prêtes à payer pour la louer - toutes les infos, . Elle est une sorte de Disneyland de l'anti-terrorisme, comme il en existe ailleurs beaucoup dans le monde -  ou .

Et c'est donc dans cette ville factice qu'est installé de façon totalement improbable un vieil A 300 sur un micro-tarmac n'allant nulle part et entouré de hautes falaises rendant impossible toute idée de décollage pour un gros porteur. On est pas loin du paquebot dans le désert de Gobi de "Rencontre du 3° type".

Devant ces images je n'ai pas pu m'empêcher de penser au fameux texte de Rem Koolhaas sur "La ville générique" celle "débarrassée de la camisole de force de l’identité" et qui "n’est rien d’autre que le reflet des nécessités du moment et des capacités présentes." Des nécessités qui ont pour noms aujourd'hui : lutte anti-terroriste et surveillance permanente qui nous renvoient à la question "de l'obsession sécuritaire dans nos rapports à la ville " et "à la façon dont les militaires pensent la ville". 

La question étant de savoir si à l'heure des drones et des programmes de surveillance comme Prismce genre de lieu permet de se poser les bonnes questions sur la menace terroriste dans les villes, et sur la façon de penser cette menace et de lutter contre ? - voir "et si Google lançait sa propre armée ?", "la Darpa, Google et l'hypothèse d'une Google Army" et "le glissement de la puissance". 

N'aurait-on pas - en fait - avec ce KASOTC juste un petit Las Vegas pour troupes de chocs en manque de terrain de confrontation ? - voir Ce qui dans ce cas là, nous renverrait plutôt à la question du parc de loisir comme modèle urbain ou à celle du stade comme modèle urbain - voir aussi .

Pour finir, et reboucler avec mon accroche aérienne, je voulais vous proposer ci-dessous cet engin mi-ULM /mi-Jeep circulant dans le camp - les infos,

Des photos qui justifient une nouvelle fois de se demander "si ce sont les militaires qui inventent la mobilité du futur ?", et - accessoirement - de savoir qui sont les pirates de l'air aujourd'hui ? - éléments de réflexions, .