Wednesday, June 04, 2014

NOUVELLES TECHNIQUES DE CONDITIONNEMENT DU PASSAGER

« Dans son ensemble, le processus s'apparente à une traversée de la mort. Le passager n'a ni rôle ni corps. La compagnie est toute-puissante. Elle vous dépose sur votre lieu de destination. Du travail de postier. En comparaison, le train ou le bus sont des moyens archaïques, inscrits dans l'épaisseur du monde. » 
« Conséquence de la perfection, la liberté souffre. Tel est le prix de la sécurité (chez easyJet, avantageux). 
Le low cost offre ainsi une métaphore sans pareille de nos sociétés. Il invente de nouvelles techniques de conditionnement du passager - comme on parle de conditionnement du poulet. »   
« Désormais, le passager est là pour l'avion. Il doit prendre la forme des portes, des tourniquets, des passerelles, des sièges. Son bagage doit respecter les gabarits, la charge, satisfaire aux impératifs de la balance, son poids corporel, correspondre à la moyenne sociale. Il doit répondre aux robots, respecter leurs instructions, éviter le rapport humain, être ponctuel, renoncer à ses affaires personnelles, se plier aux exigences, éviter les questions. » 
"easyJet" de Alexandre Friederich.
Voilà comment son éditeur Allia présente le travail d' Alexandre Friederich.
"Écrire, c'est d'abord s'asseoir. Plutôt que de s'asseoir devant un bureau, l'auteur a choisi de s'asseoir dans un avion. 
Cinquante millions de personnes sont transportées chaque année par la compagnie low cost easyJet. Vacances ou travail, toutes entreprennent le voyage dans un but donné. Pour l'auteur au contraire, le transport lui-même a pris le pas sur la destination. Alexandre Friederich a décidé de rejoindre en vingt jours dix-sept destinations, ainsi reliées de façon arbitraire. Son objectif: passer le plus de temps possible à bord des avions. Avec l'acuité du sociologue et la verve réjouissante de l'ironiste, il relate dans "easyJet" cette expérience, met en évidence le caractère aberrant d'un système qui infantilise l'homme, le transforme en marchandise ou l'humilie au nom de sa sécurité."
On est dans la lignée directe de notre réflexion "Ce sont quoi les imaginaires du voyage aujourd'hui ?"