Wednesday, March 11, 2015

ET SI LA NOTION DE TIERS-LIEU N'AVAIT PLUS AUCUN SENS ?

Les images ci-dessus sont extraites de "Productivity Future Vision", un récent film de Microsoft sur la façon de travailler demain. On y voit aucun bureau digne de ce nom. Tout se fait dans la rue, dans des cafés ou dans des espaces difficilement définissables. C'est l'illustration parfaite du fameux "You won't find me in my office, i'm working".

Ce film est aussi le prolongement naturel de mes récents posts sur "l'explosion" de nos espaces de vie quotidiens sous l'influences du digital - voir  ou .

Cette nouvelle réalité nous oblige à nous poser une question :

Et si après avoir créé les tiers-lieux, le digital était en train de tuer cette notion en la vidant de son sens ?

Ou dit autrement : 

- et si tout lieu était, aujourd'hui, devenu un tiers-lieu ?

- et si en étant partout, les tiers-lieux étaient nulle part ?

Je m'explique. 

Apparue en 1989 dans "The Great Good Place", le livre de Ray Oldenburg, la notion de tiers-lieux désignait tous les espaces situés entre la maison (premier lieu) et le lieu de travail (deuxième lieu) qui pouvaient devenir des escales permettant aux nouveaux nomades connectés de travailler en dehors des cadres traditionnels du bureau. 

Les tiers-lieux furent la concrétisation spatiale du multitasking, c’est-à-dire des lieux où l’on pouvait faire plusieurs choses à la fois.

Cette étape sémantique fut certainement nécessaire pour faire comprendre que le digital remettait en cause nos façons de vivre, et donc les espaces que nous fréquentions.

Mais aujourd'hui le digital est partout et, surtout, il n'est plus lié à un lieu mais à une personne connectée qui fait ce qu'il veut, quand il veut, où il veut - voir . 

Tout lieu est donc devenu aujourd'hui un tiers-lieu. 

Et la diffusion de l'imprimante 3D va encore accentuer cette confusion des genres en permettant à n'importe quel lieux de devenir un lieu de production.

La perte de sens de ce concept de "tiers-lieux" peut apparaître gênante car ce mot nous permettait de décrire sur le plan spatiale une mutation des pratiques liées au net. Mais en même temps c'est réjouissant, car cela va nous obliger à un vrai travail sémantique sur nos espaces contemporains que l'on continue à nommer avec des mots du XIX° siècle, faute de mieux - voir