Tuesday, February 02, 2016

C'EST QUOI LA DIFFÉRENCE ENTRE UN COUREUR AVEUGLE ET UNE VOITURE AUTONOME ?

Et si demain il n'y avait plus de différence entre un coureur aveugle et une voiture autonome ?

Posée comme cela la question peut choquer, mais c'est pourtant bien celle que je me suis posée en voyant "How can data help a blind man run a 100 mile race". Ou comment via un simple téléphone doté de l'application Runkeeper et des infos transmises par écouteur, un athlète peut courir en ville en ne voyant rien.

Quand la data permet de contrôler au centimètre prêt nos parcours

Pour prolonger la réflexion, voir ci-dessous ces quelques lignes extraites de l'excellent « À quoi rêvent les algorithmes ? Nos vies à l’heure des big data » de Dominique Cardon.
"Comme les GPS dans les véhicules, les algorithmes se sont glissés silencieusement dans nos vies. Ils ne nous imposent pas la destination. Ils ne choisissent pas ce qui nous intéresse. 
Nous leur donnons la destination et ils nous demandent de suivre « leur » route. La conduite sous GPS s’est si fortement inscrite dans les pratiques des conducteurs que ceux-ci ont parfois perdu toute idée de la carte, des manières de la lire, de la diversité de ses chemins de traverse et des joies de l’égarement. 
Les algorithmes nous ont libérés des voyages de groupe, des points de vue obligés et des arrêts obligatoires devant des panoramas à souvenirs. Ils procèdent d’un désir d’autonomie et de liberté. Mais ils contribuent aussi à assujettir l’internaute à cette route calculée, efficace, automatique, qui s’adapte à nos désirs en se réglant secrètement sur le trafic des autres. Avec la carte, nous avons perdu le paysage. Le chemin que nous suivons est le « meilleur » pour nous. 
Mais nous ne savons plus bien identifier ce qu’il représente par rapport aux autres trajets possibles, aux routes alternatives et peu empruntées, à la manière dont la carte compose un ensemble. Nous n’allons pas en revenir aux voyages de groupe et à leur guide omniscient. En revanche, nous devons nous méfier du guidage automatique. Nous pouvons le comprendre et soumettre ceux qui le conçoivent à une critique vigilante. Il faut demander aux algorithmes de nous montrer et la route, et le paysage."